Comprendre l’Antarctique

25 mars 2017 | Damian Christie

L’Antarctique est l’endroit le plus froid, le plus sec et le plus venteux sur Terre. C'est l'endroit le plus rude où l’humain peut se trouver. En même temps, l’Antarctique est un écosystème délicat et fragile, préservé par les efforts concertés de ceux qui ont le privilège de le visiter.

Chaque année, quelques milliers de personnes, des scientifiques et les équipes qui les soutiennent, visitent l’Antarctique pour mieux comprendre ce qui s’y passe. Ce qui se produit en Antarctique ne se limite pas à l’Antarctique. La calotte glaciaire de l’Antarctique contient plus de 60% de toute l’eau douce de la Terre; et si elle devait fondre, le niveau des océans augmenterait de près de 60 m dans le monde entier.


Pour les scientifiques, l’Antarctique représente l’un des environnements les plus passionnants et les plus stimulants où travailler. La météo est imprévisible et extrême, empêchant les déplacements sur le terrain, ou une fois sur le terrain, les empêchant de quitter leur tente. Des jours et des semaines d’une saison de recherche coûteuse et limitée peuvent être passés à regarder par la fenêtre de la station principale à attendre que la météo s’améliore.


L’histoire de l’exploration de l’Antarctique est sombre. Beaucoup des premiers explorateurs ont perdu la vie sur la glace; et l’Antarctique représente un danger constant pour ceux qui y vivent ou y travaillent. Des douzaines de scientifiques sont morts dans les dernières années, comme le climatologue de renom américain, Gordon Hamilton, qui est décédé après que sa motoneige soit tombée dans une crevasse.


Antarctica scientist standing near ice-shelf

Étudier l’Antarctique

L’Antarctique offre un environnement unique où les meilleurs du monde peuvent étudier tout, du ciel au sol, ce qui s’y passe actuellement et ce qui s’y est passé dans la préhistoire, à l’époque où les arbres poussaient sur le continent maintenant de glace.


Certains projets ont des portées audacieuses : creuser un kilomètre sous calotte glaciaire pour prélever des échantillons de sédiments anciens de dizaines de millions d’années ou utiliser des instruments de cartographie aérienne pour recenser les centaines de milliers de manchots.


D’autres supposent la mesure minutieuse du nombre de coquillages sur les fonds marins, le taux de CO2 dans l’air ou la taille du lichen sur les rochers, qui grandit d’une fraction de millimètre par année.


L’Antarctique est protégé de la contamination directe par les humains (les scientifiques qui s’y rendent doivent ramener leurs déchets à la base). Il offre une occasion d’examiner les changements environnementaux sans facteurs aggravants : si quelque chose change, le nombre de causes est ainsi limité.


Mais contrairement à l’Arctique, où la glace fond année après année, la géographie de l’Antarctique présente des défis pour notre compréhension des changements climatiques. Au lieu de se réduire, la mer de glace de l’Antarctique s’est accrue de façon record depuis les années 1970.


Ce phénomène est-il lié à la présence du système météo El Niño des dernières décennies ou à l’arrivée d’eau froide en provenance de la fonte de la calotte glaciaire de l’Arctique? Même les systèmes qui semblent simples peuvent être complexes, mais il est essentiel que les scientifiques continuent à percer les mystères si nous voulons relever les défis qui nous attendent.